Etats
Démarche artistique
“Ce travail a trouvé sa génèse par l’acquisition de pierres de lithographie usées, détériorées, à la surface trouée, sans image. Habituellement, j’imprime les nouvelles pierres qui entrent dans mon atelier avant de les grainer et d’effacer pour toujours l’image à leur surface. Comme un fétiche ou un souvenir. (Lorsque je ne le fais pas, je le regrette et la pierre me hante).
Ces pierres-ci n’était pas dessinée mais j’ai eu l’idée d’imprimer leur surface et révéler l’image de l’usure de la pierre et celle créée par l’acide, entre chaque grainage. La réalité a bien vite rattrapé l’ambition car il ne me suffirait pas d’une vie pour grainer ces pierres jusqu’à ce qu’elles soient planes. Mon corps serait bien usé avant.
Je considère les Etats comme un travail de mouvement. Celui de l’usure, de la ruine, celui de l’érosion à l’échelle de mes mains. Entre chaque impression, la pierre est ré-encrée. Je lui fais subir alors une morsure forte, appliquée de manière aléatoire. Le temps passant, je joue avec cette morsure qui ronge l’encre et le grain avant de l’imprimer, en la déplaçant à la surface de la pierre. L’épreuve devient le miroir et la trace du phénomène. Le « fait » imprimé est porté par ce jeu d’acidulation. Les états sont une trace de la perte, sa progression.”